HÔPITAL DE FRANCHE-COMTE : à la recherche du sommeil perdu

HÔPITAL DE FRANCHE-COMTE : à la recherche du sommeil perdu
François ZIMMER, L'Est Républicain
Date de publication :
23 avril 2018

L’unité sommeil-épilepsie du centre hospitalier Nord Franche-Comté a modernisé son matériel afin d’explorer la somnologie de l’adulte. Une discipline qui permet à de nombreux mauvais dormeurs de retrouver une vie normale.

« Avoir un bon sommeil, c’est être en forme quand on se lève », rappelle comme une évidence Isabelle Guy, responsable de l’unité sommeil-épilepsie du centre hospitalier Nord Franche-Comté. « Si on ne se sent pas réveillé le matin, on se pose des questions et nous sommes là pour accompagner ce questionnement. » La spécialiste insiste d’abord sur l’éducation au sommeil : « Il faut prendre en considération l’heure et l’endroit du coucher, et surtout les produits qui vont bloquer l’adénosine, la substance fabriquée pendant l’éveil pour favoriser le sommeil. »

Autre conseil de base du docteur Guy : marcher au moins 30 à 45 minutes par jour, car la sédentarité est le plus grand ennemi du sommeil. Elle pointe également le rythme de travail : « Dans notre région industrielle, les horaires décalés finissent par perturber l’horloge biologique à partir de la cinquantaine. » Au-delà de ce travail pédagogique, l’unité sommeil est amenée à gérer des pathologies fréquentes : l’insomnie chronique (10 % de la population) et les anomalies respiratoires comme l’apnée du sommeil (5 % de la population). L’équipe du docteur Guy est également confrontée aux hypersomnies, une pression du sommeil s’exprimant en dehors du créneau nocturne, dont la plus connue, la narcolepsie, est liée à un groupe tissulaire HLA particulier en rapport avec la génétique.

Le café, le thé et l’alcool sont bien entendu à proscrire en soirée, mais aussi le chocolat, composé de théobromine, l’équivalent de la caféine. Mauvaise surprise pour les accros du petit carré du soir devant la télé. « Mais nous ne sommes pas tous égaux dans le blocage de l’adénosine », complète Isabelle Guy. « Quelqu’un peut prendre un café à 16 h et passer une nuit blanche. Quelqu’un d’autre le prendra à 23 h, sans effet. En fait, c’est génétique, comme le fait d’être un court dormeur, c’est-à-dire d’avoir besoin de peu de sommeil. Le soir, nous conseillons des substituts au thé, au café ou au chocolat : thé rouge, céréales maltées et torréfiées, noix de cajou. Ces dernières contiennent un acide aminé, le tryptophane, qui est un précurseur de la mélatonine, l’hormone du sommeil. »

« Nous disposons de cinq chambres équipées de vidéo infrarouge qui nous permettent, de nuit comme de jour, d’enregistrer le sommeil de nos patients, ces derniers étant équipés de capteurs d’encéphalographie. C’est à partir de l’analyse de ces enregistrements effectuée par nos infirmières spécialisées que nous allons établir un diagnostic », explique Isabelle Guy. La première chose, c’est de déterminer si la pathologie est uniquement liée au sommeil. C’est ainsi qu’est décelée la maladie d’Ekbom, dite « des jambes sans repos », caractérisée par des gestes saccadés et coordonnés des bras et des jambes par suite d’une carence en fer. Des comportements anormaux révèlent aussi la maladie de Parkinson ou des démences. Rien n’échappe à la caméra…

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