Syndrome des jambes sans repos : des traitements existent

Syndrome des jambes sans repos : des traitements existent
Dr. Philippe Gorny, Paris Match
Date de publication :
14 décembre 2022
Ce trouble chronique qui se traduit par un besoin de mouvement et des picotements est source d’insomnies. Aujourd’hui, il est mieux compris et soigné.
 
Paris Match. Quelle est la définition exacte de ce syndrome (SJSR) ?
Pr Yves Dauvilliers. C’est un trouble sensitif et moteur, caractérisé par un besoin impérieux, au repos seulement, de bouger les jambes (impatiences), parfois aussi les bras. Celui-ci apparaît davantage et souvent exclusivement en soirée ou la nuit. Il est volontiers associé à des sensations désagréables (piqûres, fourmillements, brûlures) qui s’améliorent voire disparaissent quand les jambes bougent régulièrement, ce qui amène fréquemment la personne à se lever et à marcher. Mais, dès qu’elle se rallonge, les symptômes reviennent. Ils sont une source majeure de gêne à l’endormissement et d’insomnies (sommeil réduit et fragmenté) qui retentissent sur la qualité de vie (fatigue, dépression, troubles de l’humeur, anxiété, voire envies suicidaires). Plus de 70 % des sujets atteints ont également, quand ils dorment, des mouvements de jambes inconscients, dits “périodiques”, qui se répètent toutes les 5 à 90 secondes (jusqu’à 30 à 100 fois par heure) ; ils engendrent une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle associée à des micro-éveils. Une polysomnographie peut se révéler utile pour quantifier ces mouvements, le nombre d’éveils et rechercher la présence aggravante d’apnées du sommeil. Le SJSR touche 6 à 8 % de la population générale, les femmes surtout (7 fois sur 10), 2 % des cas sont sévères et invalidants. Deux formes existent : 1. Celle à début précoce, avant 45 ans, plutôt d’origine familiale dans laquelle on peut, une fois sur deux, détecter des gènes de prédisposition. 2. Tardive après 45 ans, moins familiale mais chez des personnes porteuses de comorbidités. Les facteurs favorisants de ce syndrome sont un manque d’oxygène dans les tissus (hypoxie), certains traitements (neuroleptiques, antidépresseurs), l’alcool (vin blanc notamment), le stress, une maladie neurologique ou rénale, mais particulièrement une carence en fer.

Par quel biais ?
La carence en fer est avant tout cérébrale, non mesurable en routine, mais dans 20 % des cas elle existe aussi dans le sang où on la recherche toujours (ferritine).
 
Comment ce syndrome évolue-t-il ?
Il tend à s’aggraver au fil du temps. Il est parfois stable quand il est bien pris en charge sur le long cours. Sa disparition spontanée est rare. À distance, il y a un sur-risque de dépression, de mauvaise qualité de vie, de prise de poids et de maladies cardio-vasculaires en lien avec la dysfonction du système nerveux autonome (zones innervées du corps en dehors du cerveau qui ne sont pas soumises à la volonté). 
 
Quid du traitement ?
En cas de ferritine basse, on prescrit du fer par voie orale et au besoin par intraveineuse. On élimine aussi les facteurs déclenchants ou aggravants. Trois classes de médicaments sont utilisées. Pour les patients présentant une forme sévère avec beaucoup de mouvements des jambes la nuit, des petites doses d’agonistes de la dopamine permettent de restaurer la transmission dopaminergique cérébrale, mais on évite les doses fortes (majoration des signes cliniques, comportement impulsif). S’agissant des patients présentant peu de mouvements des jambes, mais dont le sommeil est perturbé en raison de douleurs, on opte pour certains antiépileptiques particuliers qui diminuent les taux de glutamate. Des médicaments à base de codéine sont parfois aussi utiles. Associer plusieurs classes de médicaments pour un effet synergique est possible. Au début de la maladie, les traitements sont très efficaces. À distance, ils ont un risque d’échappement. Instaurer un traitement adapté et personnalisé (au mieux dans un centre de référence) est recommandé. 
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