Syndrome des jambes sans repos - Des solutions existent

Syndrome des jambes sans repos - Des solutions existent
Véronique Brenner, Femina - 10 mai 2020
Date de publication :
12 mai 2020

Des membres inférieurs qui tréssautent, brûlent et démangent au point d'entraver le sommeil... voilà ce qu'endurent les malades. Bonne nouvelle, il n'existe pas une mais plusieurs façons de reprendre la main sur ces jambes récalcitrantes.

Ces "impatiences" qui malmènent les jambes de 8,5% des adultes, dont deux fois plus de femmes que d'hommes, sont un véritable trouble neurologique à la fois sensoriel et moteur. Baptisé médicalement maladie de Willis Ekbom, le syndromes des jambes sans repos s'exprime par un besoin impérieux de bouger les membres inférieurs, dès lors que l'on est au repos, allongé ou assis. Tout cela s'acompagne de sensations douloureuses de brûlures, de fourmillements, de démangeaisons et / ou de décharges électriques.

Les mollets sont les cibles principales, mais les cuisses et les pieds peuvent aussi être touchés. Ces symptômes se manifestent soit exclusivement le soir ou la nuit, soit également la journée, mais de façon plus discrète, s'aggravant en soirée et la nuit. De fait, ils réveillent et empêchent de s'endormir et sont donc à l'origine d'insomnies épuisantes, vu que la solution calmante consiste à bouger, à marcher, à pratiquer le vélo d'appartement... "Certains patients sont contraints de se relever au beau milieu de la nuit pour faire les cent pas, quand d'autres ne peuvent pas aller au cinéma sans se lever pendant le film pour déambuler", indique le Dr. Laurène Leclair-Visonneau, neurologue et responsable du centre du sommeil du CHU de Nantes. Un handicap à la hauteur de la fréquence du syndrome, qui, selon les cas, peut survenir chaque jour, de façon hebdomadaire, mensuelle ou occasionnellement.

Après consultation du médecin traitant, c'est souvent l'enregistrement d'une polysomnographie qui permet de poser le diagnostic. Cet examen consiste à passer une nuit à l'hôpital dans un centre spécialisé dans les troubles du sommeil, afin d'étudier l'activé musculaire des jambes, ainsi que les autres troubles éventuels susceptibles de perturber le sommeil, grâce à des électrodes réparties sur l'ensemble du corps. Bien connues des neurologues spécialisés, la prise en charge thérapeutique de ce syndrome permet d'en circonscrire les mouvements inopportuns.

Et si c'était un manque de ferritine ?

On commence par effectuer en laboratoire un dosage sanguin de la ferritine et non du fer. Le taux de ferritine traduit, en effet, le niveau de réserve en fer dans l'organisme, en particulier dans le cerveau, tandis que le taux de fer évalue seulement la quantité de fer qui circule dans le sang. Or "on sait que plus le taux sanguin de ferritine est faible, plus les symptômes du syndrome sont significatifs", indique le Dr. Leclair-Visonneau. Le tout premier traitement consiste donc à relever le taux de ferritine, afin de corriger une éventuelle carence en fer. La bonne nouvelle ? "Ce réajustement suffit souvent à améliorer nettement les symptômes, voire à les enrayer durablement", assure la neurologue. Prescrit à des doses médicales, le fer médicamenteux se prend sous forme de comprimés ou par intraveineuse à l'hôpital.

Une affaire de dopamine

Les médecins peuvent aussi se tourner vers des médicaments qui influent sur le taux de dopamine, le neurotransmetteur qui orchestre le contrôle des mouvements des muscles, car le syndrome peut également être lié à un dysfonctionnement d'une catégorie de récepteurs de la dopamine, les récepteurs D2. "On n'observe aucun déficit en dopamine, comme dans la maladie de Parkinson, mais ses récepteurs fonctionnent mal et ne sont pas assez nombreux. Conséquence : ils le captent mal", décrypte la spécialiste. Il s'avère d'autant plus important d'avoir retrouvé un bon taux de fer que ce minéral contribue au fonctionnement du récepteur D2 à la dopamine dans le cerveau. Les traitements, appelés les agonistes dopaminergiques, sont prescrits sous forme de patchs ou de comprimés et ils délivrent de la dopamine qui agit sur le système nerveux central. Cela peut sembler paradoxal d'absorber de la dopamine quand on n'en manque pas... L'explication ? Les patients prennent un surplus pour que les récepteurs parviennent à capter des doses suffisantes pour fonctionner au mieux. "Les résultats sont satisfaisants pour beaucoup de patients", rapporte le Dr. Leclair-Visonneau.

Des médicaments que l'on peut associer 

Contrairement aux idées reçues, les puissantes molécules anti-épileptiques ne jugulent pas uniquement les crises d'épilepsie. Ce sont aussi des antalgiques très efficaces et elles disposent d'une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour traiter les douleurs neurogènes, c'est-à-dire celles liées aux nerfs. "Elles représentent une option pour les personnes qui ne peuvent pas prendre de dopamine ou qui souffrent beaucoup", précise le Dr. Leclair-Visonneau. Enfin, pour les patients qui répondent mal à tous ces traitements ou qui les supportent mal, il est possible de recourir aux dérivés de la morphine. "On dispose aujourd'hui de molécules efficaces, que l'on peut associer entre elles si besoin, pour proposer un traitement personnalisé, adapté aux symptômes de chaque patient, et vraiment les soulager", rassure la spécialiste. Inutile donc de baisser les bras si tel médicament ne se montre pas efficace...  

LA PRÉVENTION A DU BON

En parallèle des traitements, il est capital de limiter les excitants - café, tabac, alcool et en particulier, le vin blanc et le champagne - qui accroissent l'intensité des symptômes sans que l'on puisse précisément l'expliquer médicalement. "On sait aussi que les antidépresseurs, les neuroleptiques et les antihistaminiques exacerbent les symptômes, indique le Dr. Leclair-Visonneau, si l'on prend l'un de ces médicaments, il faut en parler au psychiatre ou au médecin traitant prescripteur, afin d'adapter la posologie ou de modifier le traitement." Enfin, les carences en sommeil font mauvais ménage avec le syndrome des jambes sans repos. "Moins on dort, plus on aggrave les désagréments et le ressenti douloureux." Sur le plan physique, le froid améliore les troubles de certains patients. Ainsi, il est recommandé de ne pas trop chauffer la chambre, voire de rafraîchir les jambes (douche fraîche, massage avec un gel au menthol, poche de glace...) ou encore d'utiliser un matelas refroidissant. "Ces mesures peuvent être utiles. Attention aussi à bien se détendre, car l'anxiété renforce le syndrome", rappelle la neurologue. Les facteurs déclenchants peuvent différer d'une personne à l'autre, il est important de bien se connaître. N'hésitez pas à réaliser des tests (supprimer totalement le café, passer un jet d'eau froide sur les jambes au coucher) et à observer leurs effets.

POUR S'INFORMER ET TROUVER DE L'AIDE

L'Association France Ekbom (france-ekbom.fr ou au 09.67.79.88.45) met en relation les malades et suit l'actualité de la recherche scientifique sur le syndrome des jambes sans repos pour optimiser la prise en charge thérapeutique.

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